Alors que Virgile tirera sa révérence dans quelques jours dans Un si grand soleil (France 2), Fred Bianconi est revenu auprès de Télé 7 Jours sur son dernier jour de tournage mais aussi sur Les Darons osent tout, le spectacle avec lequel il est en tournée cet automne aux côtés de Frédéric Bouraly (Scènes de ménages), Olivier Mag (En famille), Luc Sonzogni et Emmanuel Donzella.
Comment s’est passé votre dernier jour de tournage en juillet dernier ?
La scène d’escalade a été retardée plusieurs fois à cause de la météo et des risques car les parois pouvaient être glissantes… Elle est finalement devenue mon dernier jour de tournage, ce qui était assez sympathique car je donnais la réplique à Moïse Santamaria (Moïse) avec lequel je m’entends très bien au niveau du jeu. Cette séquence était réalisée par Chris Nahon qui m’avait dirigé dans une de mes premières scènes de la série. Terminer avec eux était très émouvant. Un peu comme rendre les armes et déposer les habits de Virgile.
Comment vous sentez-vous deux mois après ?
C’est toujours quelque chose de se séparer d’un personnage qu’on a créé pendant cinq ans… Mais prendre la décision d’arrêter, ou de faire un break, est salvatrice car elle permet de se remettre dans une nouvelle énergie. Quitter un personnage prend du temps, d’autant plus qu’on reste ancré dans la tête des gens car il est encore à l’image. Je reçois des messages tous les jours. Mais en tant qu’acteur, je suis forcément dans la suite.
Et la suite, c’est quoi ?
La tournée avec Les Darons Osent tout, un spectacle avec mes cinq amis et frères de scène. Certains sont également des personnages très identifiés : il y a en effet Frédéric Bouraly qui joue José dans Scènes de ménages et Olivier Mag qui incarne Jean-Pierre dans En famille (ainsi que Luc Sonzogni et Emmanuel Donzella, ndlr). Nous sommes amis depuis trente ans et nous continuons à faire ce spectacle qui part en tournée dans toute la France. Je vais aussi jouer dans La Veuve noire, un quatre fois cinquante-deux minutes pour France Télévisions dans lequel j’incarne le père de la flic qui enquête sur une femme qui a tué ses quatre maris – elle a raté le dernier. Il y a un vrai problème relationnel entre eux. C’est chouette même s’il s’agit d’une simple participation.
Vous êtes aussi annoncé dans la saison 2 de Sophie Cross et dans un épisode de Cassandre. Tourner dans une série policière vous manquait ?
Entre Engrenages et Un si grand soleil, je joue depuis quasiment dix-huit ans des personnages récurrents. Là, je redeviens un peu un mercenaire comme avant, avec juste un peu plus de bouteille et d’envies canalisées. J’aimerais bien refaire un flic dans une série, ça me manque. J’espère que France Télé aura la bonne idée de me récupérer pour me projeter ailleurs. En cinq ans, le public m’a renvoyé des choses très positives. Ce Virgile d’Un si grand soleil a été marquant par l’histoire que les scénaristes ont racontée. J’ai eu des choses fortes à jouer. Le public me parle encore de certaines scènes. J’ai reçu de nombreux messages depuis l’annonce de mon départ, ils auront certainement envie de me retrouver, enfin j’espère. Moi je suis ouvert à de nouvelles aventures, à des rencontres. Il y a des réalisateurs avec lesquels j’ai envie de travailler, des séries dans lesquelles j’ai envie de tourner comme Le Voyageur, Astrid et Raphaëlle…
Uniquement des projets de France Télévisions ?
Il y a une sorte de logique et de continuité à collaborer avec France Télévisions. Avoir travaillé cinq ans sur France 2 pourrait créer des ouvertures. Mais TF1 a aussi fait de très belles séries ces dernières années. Dans tous les cas, je n’ai pas un tatouage France Télé sur l’épaule, de la même manière que je n’en avais pas un Canal+ après Engrenages. Au-delà des chaînes, ce sont les projets et rôles qui sont le moteur de mes choix.
Que vous apporte Les Darons ?
C’est essentiel pour moi. Les Darons, c’est ce qui m’a motivé à faire ce métier. J’ai commencé car j’avais envie de vivre une euphorie de groupe. Je me suis toujours dit qu’ensemble, on est plus forts, plus drôles et plus puissants. On est sur scène depuis 1994 avec Les Darons… J’ai l’impression de parler d’un autre siècle (rires).
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Sur scène. Et nous sommes devenus amis et frères en faisant des impros à côté de Dany Boon, Elie et Dieudonné et de tous ces comiques de cette période-là qui ont défilé au Festival international d’expression artistique libre et désordonné, une scène ouverte. On a improvisé avec Jamel (Debbouze, ndlr), Eric et Ramzy… Puis on a passé le flambeau et d’autres sont arrivés au Trévise le dimanche soir pour improviser. On l’a fait pendant cinq ans, puis on a commencé à monter des spectacles. Aujourd’hui, on se retrouve pris par nos différents tournages. On n’a presque plus la possibilité de se voir en dehors. Finalement, on se retrouve sur scène. On organise presque des spectacles pour pouvoir se voir (rires). Qu’est-ce qu’on peut rêver de mieux que travailler avec ses amis en ayant des fous rires tous les jours ? C’est le bonheur ! Quand je vois le groupe de potes Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Laurent Lafitte qui a la possibilité de faire des films et projets ensemble… C’est mon rêve !
Vous voudriez faire la même chose avec Les Darons ?
L’envie est là mais monter des projets est difficile. Ça arrivera peut-être un jour. Pour l’instant, on est sur scène ensemble car c’est là qu’on est né… Et c’est peut-être là qu’on mourra tous ensemble (rires). Faisons un ehpad avec Les Darons, je pense qu’on se fendra bien la gueule ! Ce spectacle, c’est nos cinq cerveaux qui écrivent ensemble des choses improbables qui ne se démodent pas parce qu’elles ne sont pas ancrées dans une actualité. On parle de complicité, d’amitié et de la vie qui passe. C’est un tourbillon de rire orchestré par Michèle Bernier. On a monté le spectacle en 2015 et en 2023 on joue encore. Depuis deux ans, on se dit qu’on va arrêter, que c’est la dernière. Mais à chaque fois on nous dit : “Attendez, j’ai des projets pour vous. Vous êtes libres quand ?” Et là, c’est parti : Nantes, Bordeaux, Nancy, Nîmes… C’est génial !
On vous sent heureux quand vous en parlez…
Cette aventure me comble ! J’ai démarré Engrenages et Un si grand soleil avec la même envie : être dans une énergie de groupe. Avec Caroline Proust et Thierry Godard sur Engrenages, on était un trio. On continue de se voir aujourd’hui, à partir en vacances ensemble, à être heureux de se retrouver… On a été choisis par casting mais dès les premières semaines, on était connectés. Un si grand soleil, il y avait ce truc de participer à une nouvelle aventure. Personne ne savait à quoi ça allait ressembler. J’avais dix lignes, même pas un scénario, me racontant un éventuel personnage qui s’appelait Virgile. Et on m’a dit : “Tu viens pendant un an ?. Je trouvais ça fou quand même ! J’y suis allé en pensant que je verrai pendant six mois, un an si tout se passait bien. Si je m’ennuyais, j’arrêtais. Et voilà, ça a duré cinq ans ! Au fil du temps, je reste le même aventurier de ce métier qui n’est qu’une jungle. J’avance là-dedans et je me laisse porter par les convictions et cette envie de partager des moments ainsi que cette énergie de groupe.